Cet été-là

 


        Comme tous les ans, pendant les vacances, Rose retrouve sa copine Windy au bord du lac Awago. Elles viennent avec leur famille qui loue un cottage non loin l'un de l'autre. Elles vont à la plage, acheter des bonbons et louer des vidéos. Leurs journées s'étirent entre rires et ennui. Mais cet été-là, Windy s'intéresse aux déboires d'un jeune homme et de sa copine. Un intérêt teinté d'envie et de désir, jusque-là imperceptibles. Un éveil aux sens, à 13 ans, qui lui ouvre la porte des affres de l'adolescence. 

       Deux amies, l'une longiligne, l'autre rondelette, l'une de 13 ans, l'autre de 11 ans... Ce roman graphique en noir et blanc offre un glissement d'identité vers l'âge adolescent. Ce subtil moment de bascule quand l'enfance rompt ses attaches, glisse sournoisement vers de nouvelles préoccupations, de nouvelles sensations et agite le coeur et l'esprit. Jillian et Mariko Tamaki prennent le temps, dans une narration à la lenteur féconde, de décrypter les changements à l'œuvre. Silencieux, insidieux, timides, irréversibles. Au fil des pages, qui dévoilent peu à peu les problématiques des adultes qui les entourent, elles se concentrent sur les colères naissantes, les incompréhensions douloureuses qui investissent l'espace et le corps de leurs deux héroïnes. Avec une grâce dans le trait, à travers la torpeur solaire du décor, les autrices  touchent du doigt un bouleversement intime et radical. Les deux jeunes filles font penser au film L'effrontée, leurs différences physiques s'ajoutant à celle de leur âge, comme une frontière naissante à laquelle elles ne s'attendaient pas. Un récit qui évoque à la perfection l'arrachement définitif à une période révolue qui se fait malgré soi, par touches infimes, mais de manière irrévocable. 



       A partir de 14 ans, Cet été-là, de Jillian Tamaki et Mariko Tamaki, éditions Rue de Sèvres,2014,  320 pages, 22 euros. 


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