Nos violences

 


Entre Lou et les forces de l'ordre, l'air vibre, se charge de menaces, de cris, de colère et de projectiles. Dans les manifs que la jeune fille investit de sa hargne, les coups ne sont pas des options. Elle a décidé de passer à l'action. A l'attaque. Pour s'élever contre, pour hurler son opposition, pour inscrire sa rage. Mais lorsque face à elle l'homme à la matraque n'est plus un inconnu, Lou marque le pas. Interrogations, doutes, regrets se nouent aux souvenirs qui affluent et c'est autant de vérités contrastées, de certitudes entaillées. La fille déter cherche une voie médiane, une autre définition d'elle-même et de sa volonté. Une remise en question qui, si elle permettrait de déposer les armes, ne serait ni une caution à la violence policière, ni une façon de baisser la garde. Une autre voie qu'elle aimerait à double sens... 

Avec ce texte écrit et lu d'un souffle, Marie Colot nous fait pénétrer l'intime de son héroïne. Cette jeune fille passée de sage à cogneuse. Entraînée par un autre, émue par la réponse sans nuance des CRS, elle bascule dans le lancer de pavés. Sauf qu'elle ne peut anticiper la rencontre de ce flic, voisin et père de famille, aidant et jardinier à ses heures. Une autre image qui vient se greffer sur l'armure et l'attirail policiers. Ce Nos violences, qui disent combien elles sont partagées, combien elles détruisent et spiralent jusqu'à l'horreur, est un texte court, infiniment subtil, extrêmement fin, qui touche au plus près nos espoirs contradictoires. 


A partir de 14 ans, Nos violences, Marie Colot, Collection d'une seule voix, éditions Actes Sud, 62 pages, 11,50 euros. 

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