Villa Anima

 


       Dans l'empire de la Main, les filles n'ont pas beaucoup d'alternative : être mère au foyer est souvent leur seule perspective. Sauf si elles possèdent ou acquièrent un statut privilégié identifié par le port d'écharpe. De verte à rouge, elles ouvrent le champ des possibles et permettent d'accéder à un avenir meilleur. Enceinte, désireuse de mettre un terme à sa grossesse, Magda, étrangère  et pauvre, doit passer l'épreuve du regard pour avoir droit à un avortement. Pour ce faire, elle doit réussir au coeur d'une villa, la villa Anima, un test basé sur la concentration. Une fois revêtue du foulard vert, elle pourrait savourer sa victoire et s'en satisfaire. Mais ce qu'elle n'a pas prévue c'est d'être confrontée à l'Esprit et aux forces surnaturelles qu'il convie. Aussi, par défi, par volonté propre, par désir de liberté, la jeune fille de 16 ans va-t-elle décider d'aller plus loin, toujours plus loin... 

       Voilà une héroïne qui n'a pas froid aux yeux et qui est sûre de ses capacités. Dans cet étrange demeure, dotée de pouvoirs spirituels, elle va mettre à mal la domination masculine en gravissant un à un les échelons du pouvoir. Si l'issue est "donnée" dès le départ, il n'en reste pas moins que Mathilde Maras, dans une langue élégante, offre à son personnage principal un caractère qu'on a longtemps conféré aux seuls héros. Et si elle peut parfois paraître orgueilleuse et fanfaronne, elle n'en reste pas moins un beau portrait de femme dans un univers dystopique-fantastique, entre La servante écarlate et Hunger games. Un pouvoir féminin pour un monde meilleur... tel est l'espoir alléchant qui conclut le roman. 

       A partir de 13 ans, Villa Anima, de Mathilde Maras, illustration de couverture de Vincent Roché, éditions Gulf Stream, collection Echos, 2021, 301 pages, 16 euros 50.

Commentaires

Articles les plus consultés