Les fins de moi sont difficiles
Mathilde joue la comédie. Aux vendeuses pour que ses copines puissent piquer des fringues. A ses amies en leur faisant croire qu'elle approuve tout ce qu'elles font. A elle-même surtout en acceptant ce qui la révulse. Mais comment faire quand on ne s'aime pas et qu'on veut être aimé ? C'est le dilemme de cette lycéenne qui pour se faire bien voir de ses camarades est prête à toutes les bassesses, alors que son coeur saigne. Quand elle passe les bornes, sa mère arrête de lui parler et le silence à la maison pèse des tonnes. Quant à ceux pour qui elle s'est compromise, elle devient leur souffre douleur. Harcèlement, rejet, violence... elle encaisse. Jusqu'où ? Pour combien de temps ?
Hubert Ben Kemoun se glisse dans la peau d'une fille fragile, qui dérape vers l'abject pour un sourire, pour un rire partagé, pour une apparence d'amitié. Pour échapper à elle-même et sa solitude. Mathilde se compare à Emma Bovary, se noie dans l'auto-détestation, alors qu'elle est exclue du groupe qu'elle avait mis tant d'efforts à intégrer. Accusée d'avoir bavé sur l'un des leurs, détestée pour avoir frayé avec une prof honnie, elle accepte tout sans réagir jusqu'à n'avoir plus qu'une seule issue : le suicide. La chute est un peu rapide, les réactions pas toujours justes, mais le sentiment d'abandon est particulièrement bien décrit. Et la machine à broyer n'en est que plus réaliste.
A partir de 13 ans, Les fins de moi sont difficiles, de Hubert Ben Kemoun, Flammarion jeunesse, 2021, 177 pages, 14 euros.
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