Les mots fantômes

 

         Suicide. C'est ainsi qu'est qualifiée la fin brutale de la mère d'Elliot. Or, le jeune garçon ne s'y résout pas. Il n'arrive pas à accepter que sa maman, si aimante, si vivante ait pu se donner la mort. Aussi, empli d'une douleur sourde, se laisse-t-il déborder par ses émotions et va jusqu'à frapper un camarade de classe. Il est alors obligé d'intégrer un hôpital psychiatrique. Là, il fait la connaissance de Lilas, une jeune fille sujette à des crises. Elle est victime de visions : des personnes décédées la visiteraient. Difficile pour elle de vivre avec ces apparitions surprises qui la laissent exsangues. Cette fois-ci, la visiteuse de l'au-delà est la mère d'Elliot. De quoi mettre les deux ados en alerte et leur permettre de lancer une enquête aux frontières du paranormal. 

         Un fois de plus, David Moitet capte l'attention dès les premières lignes pour ne plus la lâcher. La construction du roman maintient le suspens jusqu'à la fin et permet au fil des pages de s'attacher à ces deux jeunes plongés dans la pénombre. Perte d'un être cher, mensonge familial, secret dévoilé, fantômes maîtres du jeu, tueur à gages et corruption... l'ensemble est mené avec brio, sans temps mort. Le récit qui joue les funambules sur la crête du surnaturel réussit son pari de garder le cap. Un roman qui se lit d'une traite, avec l'envie de connaître le fin mot de l'histoire chevillée aux yeux. L'auteur n'oublie ni l'émotion, ni la tendresse, offrant de très jolies dernières pages à ses lecteurs. 

          A partir de 12 ans, Les mots fantômes, David Moitet, éditions Didier Jeunesse, 214 pages, 2022, 15,90 euros.