Nos corps jugés

 


        Myriam a 17 ans. Myriam est au début de sa vie, de ses envies, de ses désirs. Myriam devrait pouvoir regarder l'avenir avec confiance... mais Myriam a été violée. En cette année 1978, le "procès du viol" mené à Aix par l'avocate Gisèle Halimi fait grand bruit. Mais la réalité est encore loin du compte et Myriam s'enferme dans le silence. Plus coupable que victime. D'ailleurs lorsqu'enfin elle ose parler, ose dire ce que ce garçon, soi-disant bien sous tous rapports, lui a fait, elle ne récolte que l'incompréhension et le rejet de la part de ses parents. Ne serait-ce pas elle la fautive ? Ne lui avait-on pas dit de se tenir éloignée des hommes tant qu'elle n'aurait pas fini ses études ? Elle a joué avec le feu, s'y est brûlée... qu'elle se débrouille ! Sauf que les mouvements féministes sont en pleine éclosion, que les idées bousculent les certitudes, que les vieux schémas patriarcaux se fissurent et que la sororité n'est pas un vain mot. A condition de trouver la force d'aller chercher le soutien dont on a besoin ! 

        Le parcours de l'héroïne de Catherine Cuenca n'est pas un long fleuve tranquille. Le sujet que l'autrice traite à la lumière de l'année charnière 1978, celle qui a vu requalifier le viol en crime grâce à la ténacité de Gisèle Halimi, permet de tisser des liens très fort avec l'actualité. Un roman, écrit notamment sous l'angle des points de vue extérieurs, qui montre comment le déni et la peur des autres enferment Myriam dans sa solitude. Comment elle pourrait être détruite deux fois par le mépris de sa souffrance... avant d'aller puiser le courage d'affirmer, de convaincre, de dénoncer, d'accuser ! Un texte qui aide à ne plus se taire.



         A partir de 13 ans, Nos corps jugés, de Catherine Cuenca, éditions Talents Hauts, collection Les Héroïques, 2022, 255 pages, 16 euros. 

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