La fuite sans fin de Joseph Meyer

 

     Joseph fuit. C'est le mouvement qui le définit et l'accompagne tout au long de ce roman qui traverse la seconde guerre mondiale. Ce jeune juif, maltraité par son père qui veut absolument en faire un tailleur, ne rêve que de mécanique et d'avion. Alors, après le coup de trop, il prend son envol. Rattrapé, relâché, enfermé, cloîtré... son existence ne trouve d'horizons qu'entre les quatre murs qu'on lui impose. Paternel, oncle, juge, surveillant, maton... tous lui refusent la liberté à laquelle il aspire avant que son destin de gamin à problème ne croise celui des nazis et de leurs exactions. Entre les hommes de la résistance et ceux de la collaboration, Joseph, sous ses différentes identités, tente de ce construire celle qui lui ressemble le plus. Mais qu'il est ardu de savoir qui on est quand le monde autour de soi est à feu et à sang, quand l'avenir est si incertain... 

     Claude Gutman s'attache à décrire le parcours d'un gosse malheureux, bafoué, battu. D'une colonie pénitentiaire pour mineurs à la prison politique, son héros passera de charybde en scylla, avec pour seule pause un amour vite tronqué. Tronqué comme le style de l'écrivain, qui n'utilise que des phrases courtes pour donner du rythme à cette fuite sans fin. Un parti pris comme un automatisme, qui fatigue vite la lecture et n'offre au lecteur que peu de place à l'émotion. On court avec ou après  Joseph, et on s'épuise dans cette narration qui offre si peu de place à la respiration... 

     A partir de 13 ans, La fuite sans fin de Joseph Meyer, de Claude Gutman, couverture illustrée par Gérard Dubois, éditions Gallimard, 2022, 352 pages, 17,90 euros.