Le fils de l'ursari



    De Tamasciu à Paris, il n’y a qu’un pas quand on est une famille de montreurs d’ours, harcelée par les gendarmes et les villageois. Un pas, plus de voiture (en panne et irréparable) et plus d’ours non plus. Abandon forcé. Abandon forcé aussi du pays, de la vie, de la famille, déchirements pour Ciprian, préadolescent dont on suit l’histoire ici, et les siens. L’arrivée à Paris n’est pas reluisante. Quel avenir quand la famille est endettée jusqu’à la moelle ? Les sommes dues aux passeurs trafiquants et aux trafiquants  « logeurs de fortune » s’accumulent. Une seule façon de rembourser : la manche et les vols à la tire dans les transports en commun, dans les lieux publics. C’est dans le parc du Luxembourg que la vie de Ciprian, plutôt rêveur et surtout brillant, bascule. Il y découvre les jeux d’échec, en comprend les règles en observant des heures durant le jeu d’une madame Baleine comme il l’appelle et d’un gros monsieur. Leurs portes-feuilles sont pleins, mais leurs têtes aussi. Subjugués par la douance du jeune Rom, ils le prennent sous leur aile jusqu’à le conduire aux plus grands tournois. Le hic, c'est quand quand il joue aux échecs, Cyprian ne rapporte rien au clan. Le choc est fort entre les deux univers dans lesquels il évolue. Quel espoir pour le jeune garçon qui brille le jour mais dont la violence extrême des nuits ternit sa vie ? C’est ce que nous raconte Xavier-Laurent Petit dans ce roman dont l’écriture fait vibrer les émotions et claquer la langue française comme rarement.

    A partir de 11 ans, Le fils de l'Ursari, de Xavier-Laurent Petit, L'école des Loisirs, collection Médium + Poche, 2022, 316 pages, 7,50 €


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