Queen Kong

 


    Une jeune fille, seule dans sa chambre, témoin d'un incendie -  celui qui brûle en face de chez elle ce paysage qu'elle aime -, étincelle d'un autre, celui qui enflamme les réseaux sociaux et la déchire. Car cette adolescente est la victime d'un déchaînement de haine et de rejet. De l'amie, la copine ou la simple camarade de classe elle est devenue, en quelques clics, une vraie, une grosse, une sale... Son crime ? Avoir voulu chercher le plaisir. Celui, physique, qui allume le désir, crame les sens, foudroie le corps. Car l'héroïne de ce roman n'est pas en quête d'amour, de sentiments, ou de couple. Ce qu'elle veut c'est ressentir, vibrer, en un mot, jouir. Après avoir découvert ce qu'elle pouvait éprouver toute seule, elle souhaite l'expérimenter à deux. Quatre aventures, quatre garçons vont participer, avec plus ou moins de réussite, à ses expérimentations. Du taiseux au tendre, elle comprend peu à peu ce qu'elle veut, qui elle est aussi. Mais cette exploration intime et libre de la sexualité, au lieu d'être acceptée, va lui être reprochée. Lui être déniée. Et le regard accusateur des autres voudra ravager son vécu, détruire ses sensations, les avilir par l'insulte.

    Hélène Vignal signe un texte d'une force assez inouïe sur le plaisir. Dans la collection l'Ardeur, ce titre, qui a gagné la Pépite d'or 2021, casse les codes en ouvrant une voie à un plaisir débridé, libéré d'entraves artificielles et passéistes. Avec un langage vrai, une langue directe, un vocabulaire précis, l'autrice touche au plus près des émotions, charnelles et psychologiques. Et son personnage, portée par le feu indompté d'une personnalité puissante, ne renoncera à rien sous prétexte de soumission à des conventions qu'elle refuse. Au contraire, elle saura s'affranchir du regard des autres, et affirmer une identité qui lui est propre. Un texte définitivement intense, à l'image de son héroïne. 


    A partir de 15 ans, Queen Kong, de Hélène Vignal, éditions Thierry Magnier, collection L'Ardeur, 2022, 93 pages, 12,90 euros. 


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