Un simple soupçon

 


Jacob, deux de ses petites sœurs et ses parents sont en surpoids. Quant à la petite dernière, c'est tout le contraire, elle est trop maigre pour son âge. Il n'en faut pas plus aux services sociaux de son district pour prendre des mesures radicales. Estimant que les enfants sont en danger, les pouvoirs publics les assignent à résidence avec contrôle absolu sur leur mode de vie : ce qu'ils mangent, quand ils le mangent, comment ils le mangent. Tout en les astreignant à un emploi du temps minuté afin que l'exercice physique obligatoire vienne à bout de leurs kilos superflus... Sauf que ce programme de santé, qui se révèle avant tout politique, ne porte pas les fruits escomptés. Or, comme les résultats sont scientifiquement prévus, si ça ne marche pas, c'est qu'il y a forcément autre chose... qui s'apparente à de la maltraitance. Et dans ce cas-là, ni une ni deux, les enfants sont enlevés à leurs parents considérés comme défaillants, voire davantage... Heureusement que Jacob peut compter sur l'amitié de Bonnie pour trouver une solution ! 

Voilà un roman qui avance masqué. Car l'histoire que raconte Sandrine Beau, qui puise dans ces régimes autoritaires gangrénant à la fois l'Histoire et l'actualité, peut sembler fictive. Or, ce qu'elle imagine ne dépasse pas la réalité mais, tout au contraire, la révèle. C'est du côté de l'Angleterre et de son Children Act, pris en 1989 par Margaret Thatcher, que l'inspiration de l'autrice prend sa source. Et cette mise à l'index des personnes en surcharge pondérale permet à l'autrice de dénoncer la grossophobie dans ce qu'elle a de plus pervers et de plus dangereux. Car, pour certains, les preuves de maltraitance n'ont pas besoin d'être prouvées quand la balance penche du mauvais côté. Et le titre et la couverture de l'ouvrage prennent tout leur sens avec cette lecture éclairante ! 


A partir de 11 ans, Un simple soupçon, Sandrine Beau, Collection Zone J, éditions Mijade, 184 pages, 8,50 euros. 


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