Le petit seigneur

 

Tonino n'a que 13 ans et pourtant il a déjà perdu le goût de l'enfance. Celui-ci a été remplacé par le devoir d'aider son dealeur de père dans son entreprise de vente de drogue. Tout comme ses petites sœurs, aux doigts si agiles, il doit oublier l'école pour se consacrer au négoce dangereux mais familial. Comment rompre avec cet héritage qui le pousse à franchir les limites, flingue et poudre à dealer à la main ? Seul son professeur d'italien semble se soucier véritablement de lui. Mais cet enseignant bienveillant, plein d'empathie pour cette jeunesse sacrifiée, il l'éconduit par respect, par peur surtout, de son père. D'ailleurs il n'a pas tort, car lorsque la police, alertée par les soins du prof, vient à la rescousse de l'enfant, la vengeance du chef de famille ne sera pas longue à s'abattre sur le "fauteur de trouble"... 

Antonio Ferrara plonge dans les bas fonds de Naples, gangrénés par la drogue. Où tout le monde subit la loi du plus fort, quitte à mettre la vie des siens en danger, quitte à faire oublier qu'un autre avenir est possible. Tonino en fera l'amère expérience. En obéissant à son père, il passera par la case prison. Une porte d'acier se refermant sur son cœur, mais aussi sur son passé. De quoi peut-être, pourtant, redonner un sens à sa vie, loin de ceux qui voulaient l'empêcher d'ouvrir ses ailes. Un roman coup de poing qui n'édulcore rien, mais trace une voie au milieu de l'enfer. Un chemin fragile, rude, mais pavé d'un espoir tenace. 

A partir de 13 ans, Le petit seigneur, Antonio Ferrara, éditions Bayard, 138 pages, 12,90 euros.