Les indésirables
Kiku a des origines japonaises, des racines floues qu'elle ne connaît pas beaucoup. A l'occasion d'un voyage avec sa mère sur les traces de sa grand-mère en Californie, elle va se trouver plongée dans le passé de son pays, de sa famille. En 1940, elle suit ces Japonais de première et deuxième génération qui vont être contraints par le gouvernement américain de rejoindre des camps après les attaques de Pearl Harbor. Privés de leurs droits, de leur liberté, ces hommes et ces femmes, décrétés ennemis par anticipation et par précaution, se retrouvent du jour en lendemain en captivité, sans espoir d'avenir. Kiku habite la cellule voisine de celle de sa grand-mère et de ses parents, mais n'ose pas l'aborder. En revanche, au fil des jours, elle va subir et partager ces jours, semaines, mois de ces 120 000 prisonniers sans raison. Une prise de conscience essentielle pour cette héritière de souffrances inacceptables.
C'est sur sa propre histoire familiale, sur le destin de sa grand-mère, violoniste de talent, que l'autrice Kiki Hughes revient à travers ce roman graphique particulièrement saisissant. Cet épisode, peu connu, a d'indéniables échos sur la période actuelle et les allers-retours de son héroïne permet de mieux comprendre ce lien indéfectible qui lie le présent à une mémoire qu'on croyait oubliée. Ces souvenirs effacés qui façonnent de l'intérieur, en silence. Mais lorsque les vérités se révèlent elles ouvrent sur de nouvelles perspectives, elles permettent de changer le cours du futur. C'est aussi le message porté par cette BD passionnante de bout en bout.
A partir de 13 ans, Les indésirables, Kiku Hughes, éditions Rue de Sèvres, 281 pages, 18 euros.
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