Les fiancés du califat

 


Des femmes au cœur du terrorisme. C'est le parti pris de cette BD de Marc Trévidic, ex-juge antiterroriste, et Matz qui plonge dans les modes opératoires utilisés par celles qui prêtent leurs mains, leurs corps et même leurs vies à la cause, celle de la gloire d'Allah. Mais c'est le Cheik qui décide si oui ou non elles peuvent agir, qui les guide et les missionne. Une fois l'autorisation donnée, les objectifs précisés, ces jeunes filles, parfois très jeunes, entrent en scène. Sous leurs voiles ou au contraire très court vêtues, elles se jouent des codes pour mieux tromper les flics qui les surveillent. Un jeu du chat et de la souris qui les rend doubles, d'un visage à l'autre, d'une silhouette à l'autre, elles se tiennent sur un fil pour mener à bien les actions qu'on leur dicte. Ainsi Aïcha Karmous alias Oum Ghalib prend la tête d'un petit groupe pour obéir aux ordres qui lui parviennent de l'Orient, où son époux, un ancien cadre de Daesh s'est réfugié. Une identité qui se cherche, se perd dans le fracas de crimes odieux... soit disant voulus par Dieu. 

Les dessins de Giuseppe Liotti accompagnent avec élégance ces revirements  d'habits, d'expressions, de craintes, de foi, d'abnégation... La fin, comme un retour à la case départ, par cette désolation masculine sur l'impuissance féminine, est l'affirmation-sanction d'une certitude désespérante. Une mise en garde pour mieux mettre en avant l'avis inébranlable de tous ceux qui réifient les femmes sans complexe, les renvoyant, toujours, à leur statut d'inférieures... La dernière planche les rendant à leur insignifiante suffisance. 


A partir de 14 ans, Les fiancées du califat, Marc Trévidic, Matz, Giuseppe Liotti, éditions Rue de Sèvres, 67 pages, 15 euros. 

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