La maison qui parcourait le monde
Marinka vit avec sa grand-mère dans une drôle de maison : elle possède des pattes de poulet dont elle se sert pour galoper d'un endroit à l'autre. Sa mission : accueillir les morts et leur faire passer la Porte pour qu'ils rejoignent les étoiles et la paix de l'âme. Une mission qu'elle accomplit en lien avec la Gardienne, une Yaga qui espère bien passer le relais un jour à sa petite fille. Sauf que Marinka ne souhaite pas vivre ainsi et rêve de pouvoir mener une existence normale au milieu des Vivants. Pourtant sa grand-mère est formelle : elle ne doit pas s'éloigner de la maison au risque de se mettre en danger. Qu'à cela ne tienne, la jeune adolescente ne résiste pas à l'appel de l'amitié, qu'elle soit celle d'un jeune garçon ou même d'une morte de son âge. Elle veut tant élargir son univers qu'elle en oublie la prudence à laquelle on l'incite depuis toujours... Au fil de ses prises de risques, elle va apprendre qui elle est et ce qu'elle souhaite réellement, quitte à enfreindre les règles qu'on lui impose.
Sophie Anderson plonge le lecteur dans un espace onirique où le monde de la mort est omniprésent. Mais les contours qu'elle trace autour de son sujet sont aussi poétiques qu'enchanteurs. Ce roman est un bel hommage aux Baba Yaga, ces sorcières et sorciers russes au profil souvent inquiétant. Leur proximité avec le deuil, mal vue, est ici sublimée de la plus séduisante des manières. Leurs mots, leur bienveillance, leur accueil permettent de passer dans l'au-delà avec toute la douceur requise. Et les pages qui s'enchaînent, et suivent la rébellion et la prise de conscience de Marinka, permettent d'illustrer la puissante et inamovible passerelle qui relie les deux mondes tout en l'apprivoisant peu à peu. Marinka est ce lien merveilleux et intemporel qui définit le sens même de la vie, son humanité aussi, surtout, fragile et courageuse.
A partir de 12 ans, La maison qui parcourait le monde, Sophie Anderson, traduction Marie-Anne de Béru, illustration de couverture Mélissa Castrillon, illustrations intérieures Elisa Paganelli, collection Médium, éditions L'école des loisirs, 306 pages, 15,50 euros.
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