Plein gris

 

Lorsque le corps de Clarence remonte à la surface, vient cogner la coque du Céladon, Emma, Elise, Sam et Victor le hissent sans un mot. Ils sont tétanisés par la mort qui embarque avec eux. Cette mort autour de laquelle leurs sentiments se figent. Pourtant, très vite, la réalité les rappelle à l'ordre. Partis seuls à bord du voilier des grands-parents d'Elise, les cinq adolescents n'ont personne vers qui se tourner. Car la tempête déboule aussi brusquement que la houle qui déferle, la pluie qui s'abat, le vent qui se déchaîne, coupant toute communication avec le reste du monde. Ils passent en mode survie. Alors qu'ils se battent contre les éléments, les souvenirs affluent. Et l'amitié qui les lie se heurte aux secrets, aux non-dits qui, de creux en crêtes, révèlent peu à peu la vérité qui les encorde. Clarence, le leader du groupe, celui qui vient de perdre la vie, alors qu'ils luttent pour sauver la leur, les hante et les entrave. Faisant d'eux des naufragés, de la mer comme du passé... 

 Marion Brunet signe un thriller aux contours mouvants. Embarqués sur des flots tumultueux, ses personnages doivent faire face aux éléments alors que l'un des leurs s'est noyé. Un incipit happant pour une plongée en apnée dans les souvenirs d'Emma, la narratrice. C'est elle qui va jeter le filet pour récupérer les morceaux et reconstituer le puzzle de cette bande soudée à la vie à la mort. Autour de Clarence qui fédère, qui intronise, qui dirige, Elise, Sam et Emma cherchent leur place. L'arrivée de Victor, demi-frère par alliance de Clarence, va faire basculer l'harmonie du petit groupe. Une voie d'eau qui pourrait bien s'avérer fatale... Les chapitres courts s'enchaînent et l'autrice hameçonne l'attention du lecteur en alliant suspens et révélations jusqu'au point final. 

A partir de 13 ans, Plein gris, Marion Brunet, éditions PKJ, 197 pages, 16,90 euros.