Peau d'homme

 

Bianca est une jeune fille à marier. Dans cette Renaissance italienne, les damoiselles n'ont d'autres destins que de convoler en justes noces avec des hommes dont elles ne connaissent bien souvent que le nom. Pour elle, ce sera Giovanni. Un marchand d'une trentaine d'années, plutôt bien fait de sa personne mais dont elle ne sait rien, à part que sa future épouse - elle -, dont il n'attend pas grand chose, ne servira qu'à maintenir les convenances. C'est alors que sa marraine lui confie un secret : une peau d'homme qu'il lui suffit d'enfiler pour changer de sexe. Une aubaine pour découvrir celui auquel elle est promise. Affublée de ce costume d'un autre genre, sous les traits de Lorenzo, elle côtoie un individu qui se révèle moins horrible que prévu. Sur le terrain très masculin dans lequel il évolue, elle devient son ami... avant que de devenir son amant. Mais c'est son cœur féminin qui bat pour lui, alors que Giovanni, lui, s'éprend follement de son double masculin. Aussi, lorsque l'heure du mariage sonne, le dilemme de Bianca est terrible. Elle cherche à se faire aimer d'un époux qui ne rêve que de celui dont elle a remisé la peau... 

C'est un conte, c'est une fable, c'est un manifeste, c'est une BD, c'est un chef d'œuvre ! Un chef d'œuvre d'intelligence et de finesse. En revisitant Peau d'âne, Hubert au scénario et Zanzim aux illustrations, les deux auteurs offrent une version féministe et avant-gardiste de la théorie des genres. L'amour se libère des codes et des frontières pour être rendu à sa liberté première : s'exprimer pour et par lui-même. Les moralistes, les bien pensants, les extrémistes religieux et autres tristes sires sont détrônés par le souffle grisant du choix guidé par les seuls sentiments et le désir impérieux de jouir sans entrave. L'âme y survivra. Mieux, elle exultera ! 

A partir de 15 ans, Peau d'homme, Hubert et Zanzim, chez Glénât, 160 pages, 27 euros.