Blue Pearl

 

Eliza Burlington est née esclave. Elle vit sur la plantation de celui qui l'a mise au monde, au hasard de ses aventures avec ses esclaves. Un maître-père blanc qui l'ignore mais qui l'exploite. Avec sa maman, qui a la "chance" de travailler dans la grande maison, elle grandit dans une relative sécurité. Mais la fille de la famille, amie de ses premières années, se transforme vite en horrible vicieuse à la suite d'un accident qui la laisse diminuée. La prise de conscience d'Eliza se fait au rythme des violences, des injustices, des horreurs auxquelles elle assiste et dont elle est la victime. Après le début de la guerre de Sécession et la mort du maître, la situation bascule avec la prise de pouvoir du régisseur, véritable casseur d'esclaves. La fuite devient la seule issue pour survivre. 

Paula Jacques tire sur le fil rouge d'une poupée de tissu pour renouer avec le passé de son héroïne. La vieille Eliza redonne vie à sa jeunesse tumultueuse en ravivant ses souvenirs. D'une écriture à la fois brute et directe, l'autrice invite le lecteur à plonger dans une période glaçante de l'Amérique dont les échos ne finissent pas de retentir. Sans rien édulcorer de la brutalité des blancs - assassinat, viol, tortures... - l'écrivaine parvient à tracer un portrait fidèle d'une époque trouble où seuls l'espoir et la religion permettaient de se battre. Heureusement le facteur humain, à travers l'exemple des quakers, offre aussi des raisons de souffler. Un récit fort qui reste pourtant parfois à la lisière de l'entière et totale adhésion recherchée... du fait sans doute d'une héroïne au profil trop heurté qui reste à distance du lecteur. 

A partir de 12 ans, Blue Pearl, Paula Jaques, éditions Gallimard jeunesse, 171 pages, 12, 50 euros.