Ööfrreut la chouette
C'est une chouette effraie, blanche dans la nuit noire, qui raconte. Du haut de son arbre, elle suit de ses yeux perçants les déambulations sautillantes d'une petite fille. Une gamine qui a l'étrange particularité de vivre la nuit. Dès que le soleil se couche, elle part en exploration dans la forêt qui borde sa maison. Armée de sa seule lampe de poche - sortes de bâtons lumineux -, de ses jumelles et de sa curiosité, elle s'ouvre un passage entre les ombres des troncs et les bruits nocturnes. Alors, Öôfrreut veille. Car elle sait les dangers qui parsèment le terrain de jeu de sa nouvelle amie. Et d'un battement d'aile ou d'un cri elle peut lui venir en aide et la sauver d'une menace ignorée.
La douceur incroyable qui émane des yeux de cette héroïne ailée, illustrée par Clémence Monnet, enrobe chacune des phrases de Cécile Roumiguière. Le texte, à l'unisson des images, bruisse de mille sons poétiques, de mille évocations sensibles. On plonge avec la petite fille aux cheveux bleus, couleur de nuit, dans une forêt vibrante et épaisse, pleines de sensations et de découvertes. On la suit avec un plaisir inconscient et craintif. L'imaginaire se déploie au fil des pages, on renoue avec une fresque préhistorique, comme une peur tribale, lors de l'attaque de la laie, on assiste surtout à la puissance de l'enfance quand elle se permet de franchir des frontières et de revenir plus riche d'expériences sensorielles, si proches du merveilleux.
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