Tracer
Emjie est dévastée par la mort de ses parents, emportés par un accident de voiture. Alors qu'elle perd pied, un reportage sur l'Aubrac chopé par hasard à la télé, va lui faire chausser ses baskets et partir vers un paysage qui l'aspire tout entière. Un chemin sans véritable boussole, partagé d'abord par Nitsa sa meilleure amie, avant de poursuivre seule vers un inconnu qu'elle espère régénérateur. Elle s'en remet aux virages, aux détours, aux rencontres que la route dépose le long de son périple. Un road trip, un pas après l'autre, qui lui gonfle la poitrine et lui rouvre les yeux.
Guillaume Nail signe un roman étonnant qui capte avec une force vivifiante l'âme meurtrie d'une presque adulte. Alors que le bac se profile, son héroïne tourne le dos au sésame universitaire, pour se reconstruire. D'une langue brute, syncopée, hachée, l'auteur va glisser de la 3e personne à la première, rapprochant ses lecteurs des émotions, pour mieux en ressentir chacune des vibrations. Puis, alors qu'Emjie retrouve sa liberté, sa solitude, lorsque Nitsa la quitte, le verbe s'allonge, s'apaise, redevient sensible. A l'image du personnage qui peut enfin prendre possession de ce qui l'entoure, s'offrir un temps d'amour, se permettre de ne pas savoir qui elle est et ce qu'elle veut, tout en retrouvant le sens du beau et du plaisir. Le plaisir de vivre sans trahir ceux qu'elle a perdus. Et la fin pulse tel un hymne à l'existence, celle qui ne fait que commencer !
A partir de 14 ans, Tracer, Guillaume Nail, collection Doado, Le Rouergue éditions, 218 pages, 13,50 euros.
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