Partis sans laisser d'adresse


Felix et sa mère se sont fait arrêter pour le vol d'un Combi Volkswagen. L'ado va alors raconter l'engrenage de la pauvreté qui les a conduits à faire du van leur logement. Une maman incapable de garder un job, un loyer impossible à payer, un amant qui déserte, un été qui commence comme une aventure à bord du camion dudit amant envolé... mais une situation qui s'enlise. L'histoire de Félix est une pente de plus en plus rapide vers la misère, la dépression maternelle, la débrouillardise, les larmes. Car l'enfant doit vite se transformer en parent quand l'adulte s'absente autant... dans ce qu'il appelle pudiquement ses "marasmes". Des trous dépressifs dans lesquels sa maman s'enfonce sans résister. Félix fait face, en mentant, en trichant, mais toujours avec courage. Il veut s'en sortir, retrouver une vie normale, des toilettes à demeure, des repas variés, des fringues potables, un confort minimum... Heureusement il y a les amis, toujours prêts à rendre service, le jeu télévisé qui le porte jusqu'en finale, les mains qui se tendent sur son chemin...

Qu'il est touchant ce roman, qu'il est émouvant. Avec un art consommé de la prise de recul, Susin Nielsen manie merveilleusement l'humour alors que tout s'écroule autour de son héros. Héros d'un quotidien ardu, Héros de l'optimisme malgré tout, Félix impressionne et désarme par sa volonté désespérée de tout prendre sur lui, responsable bien trop tôt, décrypteur des failles maternelles à son corps défendant. Doté d'une fabuleuse mémoire, d'un regard aigu, d'une bienveillance étonnante, il sera celui qui fera bifurquer la route du Combi et de ses deux passagers... sur la bonne voie.


A partir de 12 ans, Partis sans laisser d'adresse, de Susin Nielsen, illustration de couverture Amélie Fontaine, traduit de l'anglais par Valérie Le Plouhinec, chez Hélium éditions, 227 pages, 14,90 euros. 

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