Le Royaume de Minuit




  
               

Le Royaume de Minuit


            


     Dans l'école du "Bois profond", une école à l'architecture très moderne, chaque élève est spécial et la spécialité d'Achille ce sont les bêtises !
Alors, lorsqu'il fait croire aux petits de maternelle que l'école abrite un monstre, c'est la bêtise de trop. La maîtresse le punit en l'isolant dans la pièce d'à côté. Il décide alors de lui obéir à la lettre et se fait réellement oublier, jusqu'à se retrouver seul le soir dans une école silencieuse.

     Quelle aubaine pour Achille qui se rappelle les trésors cachés dans l'armoire du surveillant (tous les jouets confisqués aux enfants), enfin une occasion de mettre la main dessus… 
Seulement, il n'est pas le seul à avoir eu cette idée ! Massimo, le premier de la classe, le fils du directeur vivant dans l'école, seul pour la soirée, y a pensé aussi.
     Chacun étant pris en faute, ils choisissent de garder le secret et de profiter de cette nuit pour vivre mille aventures dans l'école devenu leur terrain de jeux : la salle d’arts plastiques sert à se grimer de peintures de guerre, la salle de géographie devient un champ de bataille, le combat à l'épée se déroulera dans la salle de sciences contre Oscar le squelette… 
Et l'aventure continuera dans les bois là où le monstre rôde, vont-ils lui échapper ? 

     Achille et Massimo sont les exacts opposés et pourtant aucun des deux n'a d'amis.
Achille n'a pas de père et une mère absente, il est perturbé et perturbe les autres. Sa mégalomanie le pousse à occuper tout l'espace ici symbolisés par son attitude à l'école et son "accession" au trône de Roi dans son aventure avec Massimo. 
Massimo, le très bon élève est aussi le fils du directeur, il est plutôt timide et empoté. Il va cependant trouver sa place auprès d'Achille et même s'il est son faire valoir, il lui sera d'une grande aide.
     Leur véritable quête, à la Don Quichotte (Achille) et Sancho Pansa (Massimo) épaulés par Rossinante (le chat), est une quête d'identité, un besoin d'exister aux yeux de l'autre. D'ailleurs, finalement, on voit bien que le monstre qui fait peur aux petits, et qui est bien le seul "monstre" de l'école, c'est Achille...
Ainsi après avoir vaincu leurs "monstres" et leurs peurs, cette aventure onirique qui fleure bon nos souvenirs d'enfance, les liera à jamais. Ce qui restera, c'est leur amitié.

     Et n'oublions pas le troisième personnage de l'histoire : la forêt ! Elle est aussi importante qu'Achille ou Massimo, elle est présente dans chaque dessin, lumineuse ou très sombre, colorée ou en ombre chinoise. Elle abrite les peurs et les secrets, les joies, l'amitié et le courage aussi.

     Max Ducos signe ici encore un album magnifique, au texte limpide et évocateur, aux dessins foisonnants et colorés faisant référence à de grands artistes (Matisse, Arcimboldo, Giacometti, Klimt…), aux architectes dont son père également mais aussi aux grands auteurs de littérature jeunesse.

     Un album à lire et à relire donc, à observer longtemps et minutieusement pour en découvrir tous les secrets visibles et cachés.

A partir de 6 ans, Le royaume de minuit, Max Ducos. Sarbacane, [64] pages, 2016. 16,50 euros. 








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