La fille du monstre



Un accident de chasse. C'est avec ces termes-là qu'on apprend à Tess que son papa est à l'hôpital, que sa vie est en danger, que sa vie ne sera plus jamais la même. Mais son père ne tire sur aucun animal, mais son père est à Bruxelles... au paradis du chocolat et des frites comme il lui a dit le matin même, en lui déposant un baiser sur le front. Impossible... Et pourtant. La petite fille comprend que la réalité est ailleurs. Et c'est quand les mots "le suicidé" frappe ses oreilles à l'école que son monde explose. Son père, par désespoir, a voulu se donner la mort. Il s'est raté, plongeant dans une reconstruction faciale sans fin. Au collège, Tess devient vite "la fille du monstre". L'incompréhension fait place à la colère. Contre celui qui a voulu disparaître sans penser à elle, sans chercher à se battre, sans tout mettre en oeuvre pour récupérer l'amour de sa mère qui s'est envolé sans prévenir. Tess grandit et n'a qu'une idée : échapper à la honte et à celui qui l'a entraînée dans son enfer...

C'est un fascinant parcours auquel nous convie l'autrice Florence Aubry, celui d'une petite puis jeune fille dont le père a choisi le suicide et dont le geste reste gravé dans sa chair. A l'image des gueules cassées qu'elle découvre en 3e, son papa fait peur. Alors qu'elle cherche à gérer sa tristesse et sa rage, elle doit subir les moqueries et la honte. Une introspection d'une justesse émouvante se développe au fil des mots, offrant le portrait d'une adolescence terrassée et d'une renaissance à l'espoir aussi intense que délicate. Un roman d'une force stupéfiante.


A partir de 13 ans, La fille du monstre, Florence Aubry, Gallimard jeunesse, collection Scripto, 192 pages, 10 euros. 

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