Butter



Butter a depuis longtemps dépassé les cent kilos. Cet ado, gros, très gros, est au bout du rouleau. Pour en finir avec son poids, avec son mal être, avec sa vie qu'il ne supporte plus, il se lance un défi sur internet : il convie ses "amis" à son dernier repas. Ce sera le 31 décembre, en direct. Attablé face à un menu gargantuesque, il s'offrira un Hara-kiri à la bouffe.

Quel livre ! L'obésité y est abordée de front comme rarement. Dans la tête du héros, on suit toutes ses pensées et elles nous font passer de l'autre côté de la graisse. De voyeur, le lecteur se glisse dans la peau du punching ball. Et c'est un joli tour de force qui oblige à repenser ses regards, ses mots, ses aversions. Car Butter est un enfant, en recherche d'amour, de limites, de bienveillance. Et ce qu'il ne trouve plus chez lui - père mutique, mère aveugle - il va le chercher au fond du virtuel avant d'être rattrapé par le réel. Car les lycéens qui le côtoient sans le voir, vont, à la découverte de son défi, l'entourer d'une soudaine sympathie propre à lui tourner la tête et le coeur. Butter mettra du temps à admettre la vérité, que l'intérêt subit qu'il provoque n'a rien à voir avec l'amitié à laquelle il aspire. Pourtant, dans ce déchaînement d'attentions, plus ou moins sincères, peuvent peut-être se dissimuler quelques raisons d'espérer. L'écrivaine Erin Lange ne ménage pas la lecture, mais offre à son personnage une psychologie fine et juste qui transporte l'émotion à son comble. Un roman à ne pas rater pour garder les yeux ouverts.


A partir de 14 ans, Butter, Erin Lange, traduit par Valérie Dayre, couverture Faber, Ecole des loisirs, Médium +, 372 pages, 18 euros. 

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