Ma vie de Bacha Posh


A 10 ans, Obayda va voir sa vie changer. De manière radicale. Avant elle était une petite fille, heureuse entre ses soeurs, à faire tourner ses jupes et danser dès que la musique sonnait. Maintenant, elle est un garçon, une Bacha Posh. Jusqu'à sa puberté, elle va jouir des privilèges de l'autre sexe, être traitée en égal avec les autres jeunes gens, éviter les corvées, sortir sans avoir de comptes à rendre, manger à satiété, être dorlotée comme un fils par ses parents. Cette vie de rêve, que le nouveau Obayd découvre avec l'aide de Rahim, autre Bacha Posh, n'aura malheureusement qu'un temps...

Quelle étrange coutume que celle-ci, venue d'Afghanistan, et qui est censée réparer une erreur de casting, quand aucun fils ne naît dans la famille. L'histoire relatée par Nadia Hashimi met le doigt sur l'injustice d'une vie sexuée qu'on ne choisit pas mais qui entraîne tant de conséquences néfastes pour les filles. Pas de vie à l'extérieur, souvent pas d'accès aux études, pas de pratiques sportives, aucune liberté, des mariages arrangés à un âge où l'on découvre à peine son corps et ses désirs... et puis cette possibilité d'être l'autre, avant de rejoindre son camp de manière autoritaire. L'histoire d'amitié, de famille développée ici est tendre, l'amour de cette enfant pour son père, émouvante. Mais l'on reste saisi par le bonheur ressenti  d'Obayda à l'injonction de retrouver son identité de fille, alors qu'enfin naît le fils tant attendu. Et même si elle réussit à faire évoluer (un peu et au coeur du nid familial seulement) les mentalités de ses proches, il n'en reste pas moins une impression de malaise... Quand l'inégalité des sexes est éprouvée, pour ces Bacha Posh, dans l'intimité de leur chair ; quand après avoir respiré librement elles doivent rejoindre le carcan de leur vie étriquée... on se demande si l'opportunité offerte n'est pas la pire des punitions.


A partir de 10 ans, Ma vie de Bacha Posh, de Nadia Hashimi, Castelmore. 312 pages. 10,90 euros. 

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