Le chat n'a que faire des souris mortes



« Je suis comme le chat qui ne se soucie guère des souris mortes » Méphistophélès - Faust

Une diable d'entrée en matière pour ce texte théâtral de Philippe Dorin. Deux jeunes gens, assis au bord d'un lac, devisent. Ils échangent sur la vie, en mode absurde, en mode profond. Les jeux de mots, les coupures de rythme, les évasions en langue allemande, sont autant de directions à suivre pour mieux se perdre. Les personnages s'embrouillent, se retrouvent. L'un est malin et veut régenter le cours des choses, mais l'autre esquive et tente de s'arracher à une emprise qui pourrait vite devenir machiavélique. Arrive une jeune fille qui s'éprend de l'autre et l'entraîne dans son sillage coupant l'herbe sous le sabot du diablotin.

Sous son allure décousue, le texte invite de manière joyeuse à la réflexion sur la nature humaine. Qui est qui ? Qui est-on ? Que veut-on ? Est-on prédestiné ? A-t-on le choix ? Doit-on se laisser tenter ? Résister ? Le diable se cache dans les détails... dans ce reflet de nous au fond d'un lac dont l'existence même est remise en question. Riche et foisonnante, lecture revisitée de Faust,  la pièce se pourlèche les moustaches avec espièglerie et déjoue les pièges diaboliques avec astuce quand l'amour l'emporte avec candeur ! Une entrée en matière qui peut désarçonner mais qui porte en elle une dimension universelle et dont la mise en scène éclairera sans aucun doute le propos drôle et subtil.


A partir de 10 ans, Le chat n'a que faire des souris mortes, Philippe Dorin, éditions école des loisirs, 77 pages. 7,20 euros. 

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