Les sœurs Lakotas

 


       Bearfoot, 16 ans, endosse de grandes responsabilités quand elle apprend que sa mère a écopé d’une peine de prison pour conduite en état d’ivresse : on ne les séparera pas, elle et ses sœurs, Santee et Ray (10 et 6 ans). Et pour cela, elles vont quitter leur réserve indienne de Pine Ridge au volant de l’antique voiture familiale, direction la Californie, sans permis ni argent. 

       Il y a des lectures qui font germer de grandes émotions, qui donnent envie d’en parler à tout le monde. Les sœurs Lakotas en fait partie. Outre le cœur du récit, subtil et tendre, où cette jeune fille tente tout pour protéger ses sœurs, on se passionne pour la condition des natifs américains. Avec une pédagogie certaine et sans jamais créer de rupture dans le roman, Benoît Séverac éduque le lecteur en amenant des informations cruciales, allant du vocabulaire employé (le mot Sioux par exemple, totalement inapproprié) au condition de vie actuelle de ces populations, parquées dans des réserves et une pauvreté galopante, avec tous les problèmes d’addictions et de violences qu’elle induit. Il aborde également la question de l’identité, à travers Bearfoot et ses interrogations sur ce qu’elle est. Elle se voit en effet pas assez américaine dans son propre pays, ses traditions comme en sursis face à l’uniformisation de la culture. L’auteur se penche également sur le thème de la famille, avec notamment un panel de personnages secondaires qui colorent le texte de douceur, de tendresse et de simplicité. En accompagnant les sœurs Lakotas à l’autre bout du pays, on tombera sur des adolescents sympathiques et de parfaits abrutis, un ranch qui ressemble à un refuge, la lâcheté du silence et le courage des petits gestes. Et on sentira surtout, dans notre cœur et nos mains, la chaleur de faire famille avec elles.



       A partir de 12 ans, Les sœurs Lakotas, de Benoît Séverac, éditions Syros, 2023, 256 pages, 17 euros 95.

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