La Meute

 


    Léa fait sa rentrée en seconde, inquiète à l’idée de ne pas savoir s’intégrer, se faire des amis et passer une année en répondant aux critères sociaux toujours plus exigeants. Mais sa chance s’appelle Monsieur Fauchon, et est loin d’être juste et honorable : ce professeur d’histoire-géo est harcelé par ses élèves, et intégrer le mouvement paraît être la solution idéale pour faire partie d’un groupe populaire. Cours perturbés, agressions physiques et verbales, intimidation, compte Instagram insultant : les lycéens se déchaînent, en meute. Léa est alors coincée entre le sentiment que quelque chose de profondément dangereux se déroule et la peur de se retrouver victime des élèves les plus féroces en s’élevant contre cette violence.


    Ce court roman s’intéresse à la mécanique du harcèlement sous cet angle intéressant et assez rare en littérature jeunesse où la victime est adulte, et normalement symbole d’une certaine autorité. Il est également fascinant de voir à quel point l’autrice excelle dans la description de l’effet de groupe, et combien pour certains adhérer à quelque chose d’aussi cruel est une façon de ne pas être délaissé, et à leur tour harcelé. C’est tout à la fois un groupe et une pression. En bref, être le loup, le prédateur en groupe, leur semble être la solution pour ne pas devenir un agneau isolé et dévoré. Les réseaux sociaux jouent évidemment un rôle crucial, sorte de laboratoire à petites et grandes humiliations et arène où le sentiment d’anonymat fait pousser des ailes. Le personnage de Léa comprend entièrement la situation, et a pleinement conscience d’y participer. L’écriture d’Adèle Tariel, vive, pressante, nous plonge dans le récit d'un engrenage dont on ne ressort pas indemne avec justesse et pédagogie, sensibilité et brio.



    A partir de 14 ans, La Meute, d’Adèle Tariel, Magnard jeunesse, collection Presto, 92 pages, 2021, 5 euros 90.

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