Moon Brothers

        


    Joe Moon a dix-sept ans. Il vient de quitter New-York pour le Texas. Il ne s'installe pas vraiment, il ne restera pas d'ailleurs, non. Une fois tout ça terminé, il doit partir. Il est juste là pour son frère, Ed. Ca fait longtemps qu'il ne l'a pas vu. Dix ans. Mais là, il faut qu'il le voit, tant qu'il est encore temps : Ed est condamné à mort, accusé du meurtre d'un policier. 

    Joe va faire ce qu'il peut, avec ce qu'il a, et il n'a pas grand-chose. D'un motel trop cher à un appartement miteux, d'une promesse de job à un amour adolescent qui console un peu, il raconte sa vie, celle de sa famille et à travers elle la trajectoire de ceux qui ne sont rien aux yeux d'une société qui creuse les inégalités avec chaque jour plus d'application. C'est l'histoire de l'espoir qu'on n'ose pas avoir : un avocat récupère le dossier d'Ed et tente des appels, la clémence. Est-ce que ça, s'en remettre à quelqu'un d'autre, croire, ils peuvent se le permettre ? Est-ce qu'ils auront des lendemains ?

    On ne referme pas ce roman indemne. Les vers libres vifs, fins, précis, traduits par Clémentine Beauvais, nous attrapent dès les premières pages, nous faisant lire et lire jusqu'à quitter ces personnages hébété, comme après une longue course et une averse.

    C'est beau. Grand. Dans ma vie de lectrice, il y aura un avant et un après, et cette histoire à porter en moi pendant longtemps, sûrement toute ma vie.



    A partir de 14 ans, Moon Brothers, de Sarah Crossan, traduit par Clémentine Beauvais, éditions Rageot, 2019, 384 pages, 16 euros. 

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