Le yéti de la décharge
Quand Zoé se retrouve seule en pleine forêt avec la chaîne de son vélo impossible à remettre et une belle éraflure sur la jambe, tomber sur un yéti lui semble tout à fait logique après tant de déboires et de malchance. Mais un yéti avec un tel survêtement (que de couleurs, que de motifs !), ça interroge... Et puis cette voix assez gentille, sous la barbe et la moustache et les cheveux et les premières impressions... C'est donc ça : le yéti n'en est pas un, c'est un homme, certes en survêtement coloré force 5, mais un homme quand même. Un homme qui traîne dans la décharge sauvage, solitaire, et porte sur lui l'avis très arrêté de gens qui ne le connaissent absolument pas. Bien décidée à en savoir un peu plus sur lui, Zoé enquête avec ses amis, bravant les rumeurs et les on dit, mais aussi désobéissant à sa mère...
Dans ce roman, Julien Artigue questionne les lecteurs sur le regard que l'on porte sur les individus qui ne correspondent pas aux critères normatifs de notre société. En effet, ces rumeurs qui affublent le personnage sont un grand classique : on en a entendu, on en a colporté, on a parfois simplement regardé ailleurs pour ne pas trop prendre position. Avec ce texte, son lectorat s'interroge sur son propre comportement, éveille son esprit critique et imagine la société de demain, qu'on espère plus respectueuse et inclusive. Julien Artigue met également la lumière sur la communication entre parent et enfant dans une famille monoparentale, sur la façon dont on peut désamorcer un conflit ou une simple tension simplement en accueillant les émotions de l'autre.
Un très joli roman, drôle et touchant, qui donne envie de regarder un peu plus loin que les rumeurs infondées et les survêtements trop colorés.
A partir de 9 ans, Le yéti de la décharge, de Julien Artigue, Le Muscadier, collection Rester Vivant, 2022, 104 pages, 10 euros 50.
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