Des nazis habitent chez moi

 

En juillet 1941, la famille d'Odélia est contrainte de s'enfuir face à l'arrivée des Allemands. Ils doivent quitter Strasbourg dans la précipitation. Mais la petite fille est malade, incapable de supporter un tel voyage. Le coeur déchiré, ses parents sont obligés de la laisser aux bons soins d'une voisine qui promet de s'occuper d'elle jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée pour réunir la famille. Mais très vite, le danger est partout, et Odélia, pour dissimuler ses origines juives, doit changer de prénom et apprendre à mentir. D'autant plus que c'est dans son appartement que vient s'installer une famille allemande. Difficile pour Odile, comme elle s'appelle désormais, d'accepter que ces gens, qui soutiennent la politique d'Hitler, vivent dans ses meubles, au sein même de ses souvenirs. Difficile aussi de ne pas se trahir, quand on a que 12 ans... 

Retracer le parcours d'Odélia, c'est revenir sur cette période de l'Histoire où cacher son identité juive était une nécessité pour survivre. C'est aussi mettre en lumière ceux qui ont aidé, souvent au péril de leurs vies, des hommes, des femmes et des enfants à se mettre à l'abri du régime nazi. Vivre avec la peur au ventre, survivre dans un monde de haine. Sylvie de Mathuisieulx retrace d'une plume à la fois très vivace et très sensible, ce temps détestable où un faux pas, un mot de trop pouvaient être fatals. Son héroïne, vive et fière, offre un très bel exemple de courage. Et le lecteur est entraîné par les aventures pleines de dangers, tissées autour de belles amitiés et de mains tendues. Les illustrations de Benjamin Strickler ajoutent à la part de vérité qui se dessine au fil des chapitres. Les pages de fin sont l'occasion pour l'historien Daniel Fisher d'éclairer cette époque et de resserrer les liens entre fiction et réalité. 

A partir de 11 ans, Des nazis habitent chez moi, Sylvie de Mathuisieulx, illustrations de Benjamin Srickler, Collection Graine d'histoire, éditions La Nuée Bleue, 130 pages, 10 euros.