River
La narratrice parle de sa sœur, de cette River qui a (presque) tout pour déplaire : bizarre, agitée, moche, impulsive... Alors qu'elle est l'enfant rêvée, l'enfant parfaite. De cette dichotomie assumée, naît un récit vibrant d'émotions. Celles qui percutent River de plein fouet lorsque la bande des T, emmenée par Alanka, ce nuisible, cet élève mauvais par essence, lui vole dans les plumes et la harcèle à toutes les sauces. Impuissante, celle qui raconte voit sa petite sœur plonger au cœur d'un gouffre de silences, d'esquives douloureuses, de reniements et de soumissions. La haine, les coups, les menaces tout s'acharne sur River qui tente de dissimuler à sa mère protectrice en diable et à son père dépassé par les différences de sa fille ce qui l'atteint si fort. Sa seule confidente reste sa sœur, son double aimant, parafoudre et boussole. Et c'est en s'accrochant à elle, à sa personnalité si lumineuse que River va trouver les ressources nécessaires pour se défaire de ceux qui la persécutent.
Claire Castillon offre un texte intimiste et sensible où la construction de soi, lorsqu'on se sait différent, est une lutte de tous les instants. En prenant le point de vue de la sœur, elle opte pour un traitement sans concession de cette ado divergente. Mais si le procédé perd peu à peu de son mystère, l'autrice ne dévoile qu'à la fin les racines de son choix. Et c'est un éclair poignant qui embrase la fin heureuse de ce roman à la fois fragile et intense sur le harcèlement, ce fléau à dénoncer, à réduire au néant. Il faut noter la couverture, sobre et très suggestive.
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